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Kandy : Fête de la dent
sacrée. |
ACCUEIL |
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Cette année-là, Anne-Marie
et moi avions pris deux billets Mulhouse-Colombo
(et retour évidemment) pour trois semaines, avec
lintention de passer au moins une semaine
en Inde du sud. |
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Les phrases en
italique et les notes ont été ajoutées au
carnet original. |
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Vendredi 18
juillet 80 :
Mulhouse --> Colombo (Sri Lanka). Note :
Depuis 1972, Ceylan a retrouvé
officiellement son nom précolonial de
Sri Lanka.
Colombo, sa capitale, devrait son nom aux
portugais en 1517, en honneur de qui? De
Christophe, évidemment !
Mulhouse 14h30 :
Lorganisme de voyage « le
point de Mulhouse » nous donne
nos billets et nous jette dans un bus
pour Zurich. Envol de Zurich à vingt
heures trente française. Nous faisons
une courte escale en Arabie Saoudite en
pleine nuit pour faire le plein.
Arrivée à
Colombo à sept heures trente, soit onze
heures locale. Nous sortons de lavion
sous la chaleur torride des réacteurs,
avant de nous apercevoir très vite que
cela ne venait pas des réacteurs, mais
que cétait la chaleur ambiante que
nous allions devoir supporter pendant
trois semaines. Après quelques heures,
nous y étions habitués et puis dailleurs
cétait pire au Japon lannée
dernière, non?
Nous essayons
pendant deux heures dobtenir un vol
pour Male (Aux îles Maldives) et un
autre trois jours après de Male à
Trivandrum (Inde), mais échouons
finalement pour le deuxième. Alors on
réserve (toujours depuis laéroport)
une chambre en guest-house (sorte de
chambre dhôte) à Colombo.
Nous nous y rendons en passant par la
YMCA (auberge de jeunesse) en la
compagnie dun jeune malais.
Dîner chinois
et nous rentrons nous coucher tôt car
nous sommes sur les genoux.
Une surprise
attendait Anne-Marie dans la chambre
quand elle saperçut quelle
devrait la partager non seulement avec
moi, ce qui nest déjà pas un
mince handicap, mais aussi avec quelques
lézards. Jai eu beau lui expliquer
quils étaient tout gentils, que
eux pouvaient effectivement grimper aux
murs mais pas les serpents, elle regarda
sous le lit avant de se recroqueviller
dessus en tressaillant à chaque bruit.
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Samedi 19
juillet 80: Colombo. Visite de
Pettah, quartier commerçant et
grouillant comme un souk oriental.
Acquisition
chez Indian Airlines de vols Colombo-->Madras
(Inde) et Tiruchirapalli (Inde) -->Colombo,
du lundi au dimanche suivant, car Anne-Marie
a détruit en dix secondes ce que javais
mis sur pied avec une infinie patience et
de gros efforts. Elle ne veut plus rester
en Inde du sud plus de six jours
et
encore, je nai pu obtenir ces six
jours quaprès une âpre discussion.
Deuxième nuit
dans la même guest-house, tenue par des
gens vraiment charmants.
Dimanche 20 juillet 80:
Colombo.
Hier, nous avions
eu droit à un petit déjeuner très
british : thé, toasts, something
and eggs, ananas
; aujourdhui
il est ceylanais : mangue, hoppers (crêpes
de farine de riz avec ou sans uf).
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Bus jusquà lhôtel
intercontinental. Mais pour rentrer dans
lhôtel, Anne-Marie a dû faire un
détour dune centaine de mètres,
dans le seul but d'éviter un charmeur de
serpents.
Ensuite, lair de rien, nous
rentrons dans la piscine de lhôtel,
dans laquelle nous avons juste le temps
de faire quelques brasses avant que lon
nous demande le numéro de notre chambre.
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sur la photo miniature. |
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Devant ce mini fiasco,
nous allons en bus à dix kilomètres au
sud, à Mount Lavinia (Dehiwala),
une plage très touristique. Nous y
buvons une bonne bière et nous nous
rendons ensuite au zoo, paraît-il fameux.
Sa visite se clôture par la danse
des éléphants. En revenant vers
Colombo, une chose désagréable nous
arriva : le bus était tellement
bondé que mon portefeuille, qui se
trouvait dans ma poche droite, na
pas pu monter avec moi. 160 FF et environ
200 roupies ceylanaises (environ 60 FF)
qui contribueront au relèvement du pays,
sinon au moins à lun de ses
ressortissants. Cette visite du zoo nous
aura coûté cher et certains auront
bien appris des singes qui chipent les
cacahouètes des touristes lorsquils
ne sy attendent pas.
Note : Linde
et Ceylan utilisent chacun la roupie,
mais avec des billets différents. Du
reste, roupies indienne et ceylanaise nont
pas la même valeur.
Lundi 21 juillet 80 :
Colombo --> Madras (Inde).
Réveil tôt pour
rejoindre laéroport à 10 heures.
Une heure plus tard, nous atterrissons à
Madras à bord dun Boeing 737. Nous
réservons une chambre avec air
conditionné car il fait déjà 33°C. Un
bus affiché 'SPECIAL' nous conduit
directement à lhôtel. Il est
effectivement spécial car il ne démarre
pas avant dêtre suffisamment plein.
Après
installation, nous rejoignons loffice
de tourisme dun coup de bus (0.25Rp)
afin de se réserver une excursion à
travers Madras le lendemain et une autre
à Kanchipuram et Mahabalipuram le
surlendemain. Dun coup de cyclo-pousse
à deux roupies, nous mangeons chinois
puis revenons directement à lhôtel.
Mardi 22 juillet 80 :
Madras.
Grasse matinée
puis visite de la ville, assez décevante.
Dîner chinois à lhôtel New
Victoria. Délicieux !
Mercredi 23 juillet 80 :
Madras-70km-> Kanchipuram -70km
environ-> Mahabalipuram -54km->Madras.
Debout à six
heures car lexcursion démarre à
sept heures trente.
La première
étape est Kanchipuram, une des plus
vieilles villes de lInde du Sud,
une des sept cités saintes de lInde
et donc un lieu de pèlerinage très
fréquenté.
Visite assez décevante là aussi :
on nous montre une succession de temples
à une allure forcenée. Nous devons en
plus quitter nos chaussures et marcher
pieds nus dans les temples.
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Le centre de ceux-ci nous
est interdit car nous ne sommes pas
hindous (mais les indiens musulmans
peuvent rentrer comme ils veulent, les
chiens et les éléphants aussi !)
Comme si cela ne suffisait pas, le simple
fait de se promener avec un appareil
photo ou une caméra nous coûte une
somme exorbitante. Pour ceux qui nen
ont pas ou qui les ont bien cachés, cest
gratuit. Il faut
ajouter à cela une horde de mendiants,
culs-de-jatte, aveugles
sur quatre
pattes, sur trois pattes, sur les mains,
qui vous suivent partout la main tendue,
vous empêchant de contempler les temples
et découter les explications du
guide, commencées alors quil ny
avait encore personne autour de lui, dans
un accent anglais qui na plus grand
chose à voir avec celui dOxford.
Et bien sûr, il y a les gosses qui vous
demandent de largent ou des stylos,
sans parler des marchants de statuettes,
de sandales et autres sacs en peau de
serpents.
Bref, je ne suis pas d'humeur.
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sur les photos miniatures. |
Kanchipuram: temple de
Varadaraja, manifestation de Visnu (11ème
s.). |
La seconde étape, la
ville de Mahäbalipuram, encore appelée
Mamallapuram, est tout de même plus
intéressante, il faut le reconnaître.
Les blocs monolithiques sculptés au Sud
et surtout la grande fresque (27m sur 9)
en bas-relief, représentant une
multitude dhommes, danimaux,
de dieux et autres créatures mythiques.
Intitulée descente du Gange
ou pénitence dArjuna
selon les spécialistes. Quelle que soit
la légende, Shiva en est le Héro et leau
sans doute le principal sujet. |
Mahäbalipuram
: blocs monolithiques sculptés. |
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Mahäbalipuram
: Bas-relief. |
Mahäbalipuram est un
ancien port vers Sri Lanka et lAsie
du Sud-Est. La ville eut lhonneur dy
voir passer quelques jours les Beatles
incognito. Le soir,
re-chinois et discussion avec deux
anglaises ( pardon, deux galloises !).
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Jeudi 24
juillet 80 :Madras
-162km->Pondichéry. Pondichéry était,
avec Chandernagor, Karikal, Yanaon et
Mahé, le principal comptoir français.
La présence française se poursuivit
jusquen 1954.
Quatre heures de
bus pour arriver à Pondichéry.
Hôtel Victoria
Lodge : 30 roupies, sans air
conditionné mais avec des lézards qui
créent chez Anne-Marie une grosse crise
de nerfs sous la douche. Elle ne se sent
pas à laise, mais alors pas à laise
du tout dans ce foutu pays, dit-elle.
Comme à Madras,
nous empruntons les rickshaws et sommes
maintenant très fermes sur les prix.
Sinon ils ont tendance à nous demander
au moins cinq fois le prix. Pour un à
deux kilomètres par exemple, je donne
deux roupies indiennes (environ 1 FF),
alors que le prix théorique est de 1 à
1,5 roupie et quils men
demandent 5 à 10 roupies. De plus, ils
nous emmènent dans des hôtels où ils
reçoivent une commission. Une fois le
prix convenu au départ, cela ne les
empêche pas de réclamer de nouveau à larrivée,
prétextant que cétait le prix par
personne, que nous étions lourds ou bien
quils avaient pédalé vite.
Le soir, nous nous
offrons un repas plus que français dans
un restaurant tenu par un ancien colon ;
succulent !
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Vendredi 25
juillet 79 :
Pondichéry. Visite de lAshram
Sri Aurobindo le matin : très
décevant. On nous traîne de boutique en
boutique réparties dans la ville et qui
représentent toutes les activités de la
fraternité. Les fabrications du papier,
des mosaïques et des dessins sur soie
étaient tout de même intéressants.
Mais je nai pas vu un seul blanc
travailler dans un de ces ateliers. Où
étaient-ils ? À se dorer la pilule
à Auroville ?
Rien que pour une
histoire dhoraire de bus, nous nous
sommes sentis obligés daller voir
Auroville. Nous ny avons vu que du
béton, des bungalows et quelques aurovilliens
qui ne cherchaient pas le contact avec
les touristes que nous étions.
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Samedi 26
juillet 80 :
Pondichéry -200km-> Tiruchirapalli. Départ en bus à
huit heures. Cinq heures vingt de trajet
pour faire quelques 200 km. Et encore, il
fonce comme un fou dans les troupeaux de
vaches, buffles, femmes et enfants. Comme
la priorité en Inde est à celui qui
klaxonne le plus fort, nous avions mis
des bouts de coton dans les oreilles et
ce nétait pas du luxe !
Il faut ajouter à
cela quil ny a jamais de
clignotant (le chauffeur ou le
contrôleur tend le bras). Par moment, le
chauffeur boit un grand coup de flotte en
sen foutant partout, ce qui ne nous
gênerait en aucune manière sil ne
quittait pas la route des yeux pendant
plusieurs secondes. Et enfin, nimporte
qui sarrête nimporte où, au
milieu de la route le plus souvent, pour
changer une roue par exemple
Ce qui
explique le nombre assez fabuleux daccidents
la nuit.
Nous arrivons
ainsi sains et saufs à Tiruchi
.
quelque chose (Tiruchirapalli).
Nous descendons
juste en face de lhôtel. Le bus
pour rejoindre laéroport part de
là également. Anne-Marie ne voulant
plus se déchausser, je visite seul deux
très beaux temples hindous, beaucoup
plus imposants que ceux que lon
nous avait fait visiter auparavant.
Le troisième
temple situé sur la colline ne vaut que
pour le point de vue sur cette ville
imposante et ses différentes cultures.
En refermant la
porte de la chambre pour aller souper, je
vis une souris passer entre mes jambes
pour se faufiler dans la chambre, et tout
en dînant, jen vis une autre
longer le mur avant de disparaître. Je
priais alors intérieurement pour quAnne-Marie
ne laperçut point, ni celle-ci ni
une autre, car alors tout aurait pu
arriver (le pire, sentend).
Le dîner nous a
valu un léger différent avec le garçon
trop zélé et un peu trop cupide à
notre goût. Si bien quil na
même pas eu droit aux 10% de service.
Rendez-vous compte : alors que je
rangeais les pièces de monnaie quil
mavait rendues et que je mapprêtais
à ranger également les trois billets de
deux roupies qui restaient sur le plateau,
je vis une main semparer du plateau
accompagnée dun « thank you
sir ». Un quart de seconde après
retentit un « No » sec,
tandis que ma gain gauche sabattit
sur le plateau comme une volée de
sauterelles sur un morceau de salade ou
peut-être mieux, comme le bras de
Francis Blanche sur un poignet féminin
dans « les tontons flingueurs »,
accompagné de la mémorable exclamation
: « Touche au grisbi, salope »
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Dimanche 27
juillet 80 :
Tiruchirapalli --> Colombo (Sri Lanka). Après plus dune
heure de contrôles administratifs, nous
pouvons rejoindre Ceylan où nous nous
sentons déjà presque comme chez nous à
Colombo.
On passe chez Avis
pour prendre commande dune R12 avec
chauffeur à partir de demain matin,
avant de rejoindre notre guest-house.
Lundi 28 juillet 80 :
Colombo -170km-> Nuwara Eliya.
Notre chauffeur sappelle
Ivan, bien de sa personne et parle un
anglais correct. Il vient nous chercher
à neuf heures mais nous ne partons de
Colombo que vers midi, direction Nuwara
Eliya, ses montagnes et ses plantations
de thé. Les paysages sont vraiment
magnifiques !
Nous couchons au
Tourist-home pour quarante-huit roupies,
ce qui fait que notre chauffeur nest
pas vraiment heureux ; il voulait
nous emmener dans un hôtel à 300 Rp où
il aurait été logé et nourri gratis.
On mange au Grand Hôtel où une horde dallemands
visitent Ceylan à leur manière.
Mardi 29 juillet 80 :
Nuwara Eliya --> Amparai.
Nous visitons ce
matin une usine à thé. Après être
séché par air chaud, le thé est
malaxé puis passe par différents tamis
pour en déterminer la qualité. La
meilleure qualité étant le B.O.P. qui
est fait avec de jeunes pousses. Les
cueilleuses sont des tamils indiennes,
main duvre étrangère que lon
peut se permettre de payer quatre roupies
par jour (1 FF), nourries et logées. Le
chauffeur nous soutient pourtant que leur
salaire est de quarante roupies par jour.
Ces cueilleuses repassent tous les six à
dix jours sur les plantes à thé pendant
toute lannée.
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sur la photo miniature.
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Récolte de
feuilles de thé dans la région de
Nuwara Eliya. |
On visite ensuite le
jardin botanique qui est complètement
bidon. Et la balade prévue à Horton
Plains est malheureusement abandonnée à
cause du temps. Il pleut et le plafond
est très bas depuis que nous sommes
arrivés dans ces montagnes. Nous filons
alors vers Inginiyagala doù nous
pensions pouvoir pénétrer dans le parc
national. Mais le
seul hôtel du pays était plein et il ny
avait plus de place en bateau pour le
lendemain. De plus, ça coûtait 450
roupies pour deux. Nous poursuivons alors
jusquà Amparai où nous couchons
à la Rest-house (littéralement
maison de repos, qui est soit détat
soit reprise en main par une compagnie
publique).
Mercredi
30 juillet 80 :
Amparai --> Batticaloa
Direction
Batticaloa où nous descendons également
à la Rest-house, juste à côté du fort.
Nous cherchons en vain la plage, mais de
toute façon le bain aurait été
dangereux à cause des courants. Le soir,
nous essayons dentendre le fameux
chant des poissons, mélodie montant ici
du fond des eaux lagunaires et dont le
mystère reste non élucidé, mais nous
ne distinguons quune immense chauve-souris.
Jeudi
31 juillet 80 :
Batticaloa -32km-> Kahlkuda
Direction Kahlkuda
et la bronzette sous les cocotiers. Nous
logeons dans un bungalow à 320 roupies
car les deux seuls autres hôtels sont à
600 et 1000 roupies.
Baignade,
farniente, et cartes postales sont les
seules activités de la journée. Il y a
quelques grands singes qui sapprochent
peu de nous. Le soir nous dînons à lhôtel
distant de cinq cents mètres de notre
bungalow. Or nous finissons vers vingt
heures et la nuit est tombée depuis plus
dune heure. On veut revenir par la
plage, mais la vue de quelques petites
chauves-souris dissuade très vite Anne-Marie.
Commence alors une terrible équipée de
500 mètres par la route, qui prendra
plus dune demi-heure. Armée dune
lampe de poche,
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Anne-Marie sursaute au
moindre bruit et tremble de peur. La vue
de ce qui semblait être un petit serpent
va tout déclencher. En cinq minutes, la
crise de nerfs va atteindre son paroxysme :
Anne-Marie me saute sur les pieds en mentourant
de ses bras et en sanglotant. Il ne me
restait plus alors que deux solutions :
lui envoyer un direct dans la mâchoire
pour lassommer, ou la faire monter
sur mon dos. Manquant de pratique pour le
premier cas, je me retrouvais donc avec
un chargement qui menaçait de métrangler
à chaque pas. Et je navais pas le
droit dêtre fatigué ! Nous
arrivâmes malgré tout et je ne sais
comment à bon port. |
Vendredi 1er
août 80 :
Kahlkuda --> Polonnaruwa Cest lanniversaire
dAnne-Marie mais je ne lui ai
encore rien acheté. En route pour
Polonnaruwa. La Rest-house est pleine et
nous descendons dans un hôtel correct.
Cette ex-capitale
connut son apogée au XIème
siècle, mais fut abandonnée et disparut
ensevelie sous la forêt tropicale
pendant cinq siècles, avant dêtre
redécouverte par des archéologues de la
fin du XIXème . La visite de
ses ruines nous demandera deux heures
sous le soleil ; Anne-Marie se fait
prier et refuse daller plus loin.
Ce nest de toute façon pas
terrible et il faut filouter pour prendre
des photos (car sinon il faut payer un
permis de 45 roupies). Lintérêt
du lieu réside surtout en la compagnie dune
ribambelle de singes. Le soir, nous lions
connaissance avec deux professeurs
françaises et un québécois
constructeur de barrage à Ceylan.
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Samedi 2 août
80 :
Polonnaruwa --> Trincomalee. Nous emmenons les
deux profs avec nous à Trincomalee, car
elles en ont soupé du bus, nous disent-elles.
Nous trouvons à loger chez un pêcheur
juste sur la plage pour quinze roupies
par lit. Il ny a pas de ventilateur
et le lit est dur, mais cest propre.
Nous passons laprès-midi sur une
super plage à Nilaveli, à 14 km au nord
de Trincomalee, pour plonger dans les
grosses vagues.
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Préparations
à la pêche au filet. |
Dimanche 3
août 80 :
Trincomalee Ce matin, le patron
nous a proposé une sortie en bateau à
Pigeon Island. Mais vu létat du
bateau (bon, mais sans possibilité de sasseoir
nulle part) et vu que le moteur avait
pris la flotte (par notre faute), nous navons
fait quune centaine de mètres vers
le large en dérivant. Nous nous
trouvions donc condamnés à faire
bronzette et à passer une bonne heure
dans leau. Au bout dune heure
et demie de ce petit jeu, nous étions
complètement grillés. Nous passons
alors le reste de la journée à discuter
à lombre et à oser une petite
promenade en fin de journée dans le
village avec un bon parapluie comme pare-soleil.
Le soir, le patron nous sert un crabe
exécrable !
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Lundi 4 août
80 :
Trincomalee --> Sigiriya. Direction Sigiriya
où nous descendons dans un superbe Rest-house ;
demi-pension à 250 roupies.
Nous attendons quil
fasse un peu moins chaud pour envisager lescalade
du piton rocheux où sont nichées ces
fameuses fresques du Vème
siècle, les « dames de Sigiriya ».
Les 21 restantes (sur semble-t-il 500 au
XIIIème ) sont effectivement
très belles. Mais au moment de monter
tout en haut pour y jouir de la vue,
voilà-t-y pas que ces lascars nous
disent quil est cinq heures et quil
est trop tard. Or, nous avions payés en
bas trente roupies par tête. Tout ceci
fait éclater la colère quAnne-Marie
avait méticuleusement accumulée depuis
trois semaines : et que je te les
engueule ; S
, F
, etc.
Tout y passe, ça a fait une telle
impression quune minute après on
pouvait passer.
Le soir, on
déguste un fabuleux Rice and curry
et on se saoule à lArack que
nous essayons à toutes les sauces.
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Mardi 5 août
80 : Sigiriya
--> Kandy Nous quittons les
deux autres françaises qui retournent à
Polonnaruwa, et prenons la route de Kandy.
En chemin nous nous arrêtons pour
visiter une fabrique de batiks.
Tout dabord
deux ou trois hommes dessinent des motifs
sur du tissu de coton blanc. Ensuite le
tissu est plongé dans un premier bain
pour lui donner sa couleur de fond,
après que les contours aient été
enduits de paraffine. Puis sont enduits
à nouveau de paraffine les endroits qui
ne doivent pas recevoir la prochaine
couleur. Nouveau bain, on enlève la
paraffine etc...
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sur la photo miniature.
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Dans une
fabrique de batiks. |
Les tissus sont importés
dInde et les colorants dAllemagne.
Le procédé, dorigine
indonésienne, a été introduit à
Ceylan il y a à peine dix ans,
contrairement à ce que prétend le petit
guide officiel. Nous en profitons pour
acheter quelques batiks. À Kandy, nous
logeons à la guest-house que nous avions
réservée huit jours avant. Notre hôte
est le recteur de luniversité de
Kandy, et se fait un plaisir de nous
raconter plein dhistoires darchéologie
tout en éclusant force Arrack. Il nous
raconte ses démêlés avec le pouvoir
lors des élections de 1977. Il avait eu
peur en particulier que ses étudiants se
fassent descendre par les militaires et
avait refusé lordre de les quitter.
Après-midi,
visite du musée.
18h30 :
cérémonie du temple de la dent du
Bouddha : des musiciens jouent en bas
pendant que le public défile au premier
étage pour voir lendroit où est
enfermée la relique, sous sept cloches dor.
La dent de Buddha était considérée
comme une relique qui protégeait le pays
et garantissait les droits du souverain.
19h30 :
danses ceylanaises avec coupure de
courant en prime, comme tous les soirs !
Mercredi 6 août 80 :
Kandy.
Le chauffeur nous
fait une grosse scène car il veut
nous obliger à regagner Colombo, et ceci
depuis samedi dernier déjà. Sa
compagnie lui aurait dit que nous avions
la voiture pour sept jours seulement,
alors que nous avions bien précisé à
Avis que nous la prenions pour sept jours
au moins.
Nous lui
répondons donc quil peut rejoindre
Colombo sil veut, mais quil
peut toujours courir pour quon lui
paye le trajet Kandy-Colombo. Il se le
tient pour dit.
Ce matin, nous
allons faire une grande promenade dans le
jardin botanique à quelques kilomètres
de Kandy : des arbres vraiment
étranges et des milliers de chauves-souris
accrochées à lenvers à la cime
des arbres. Nous faisons ensuite quelques
achats.
Nous allons
ensuite voir un film ceylanais. Il nétait
pas sous-titré en anglais, mais nous en
avons compris tout de même lessentiel :
deux amoureux saimaient damour
tendre, mais la famille du prétendant ne
juge pas la dote suffisante. Ils veulent
10 000 roupies, soit léquivalent
de 3000 FF (450 euros), une
véritable fortune.
Un ami de la
famille va alors, au péril de sa vie et
en tout cas de son honneur, voler dans
son usine trois fraises à usiner
pour les revendre au marché noir, ce qui
est effectivement plausible quand on
connaît le prix de ces engins. La
famille ignore la provenance de cet
argent et le mariage a lieu. On apporte
la dote sur un plateau dargent et
la grand-mère part compter ses billets
avidement. Le mot FIN apparaît en
surimpression sur la police qui vient
arrêter le voleur.
La morale de cette
histoire nous semblant un peu nébuleuse
(le voleur au grand cur est-il
pardonnable, ou doit-il être
sévèrement condamné ?), nous
posons alors la question au chauffeur qui
était aussi venu voir le film. Il a dû
se dire quil ny avait que des
occidentaux pour oser poser une question
aussi idiote.
Nous parlâmes un
peu du film à notre hôtesse et celle-ci
nous appris que tous les mariages
étaient ici arrangés par les familles,
le sien ne faisant pas exception à la
règle. Nous avons dailleurs vu par
la suite dans la presse des petites
annonces mentionnant la caste et la dote.
Autres pays, autres murs, mais noublions
pas que nous émergeons à peine de ces
pratiques et quelles existent
encore sous des formes plus hypocrites.
Et puis finalement, cest peut-être
eux qui ont raison.
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Jeudi 7 août
80 : Kandy -->
Colombo Nous
revenons tranquillement vers Colombo en
suivant une route agréable. Nous nous
arrêtons dans un centre délevage
et de démonstration déléphants,
ce qui nous permet de finir nos
pellicules. Le guide du centre nous dit
quil va nous faire visiter cela
assez rapidement car le chauffeur lui a
dit que nous étions pressés. Ça alors !
Il aura joué au con jusquau bout,
celui-là. Nous prenons alors un malin
plaisir à prendre tout, mais alors tout
notre temps ! Arrivés à Colombo,
le règlement ne pose aucun problème. La
voiture nous sera revenue tous frais
compris pour 700 miles (un peu plus de
1100 km) à presque 4 000 roupies, soit
1200 FF (180 euros).
Nous avions rendez-vous
à dix-sept heures avec un employé de
banque qui nous avait invité à venir
dîner chez lui. Malheureusement, son
fils ayant fait des conneries dans son
école hors de Colombo, sa femme avait
été obligée de partir. Il nous emmena
alors manger chinois après une petite
bière. Il nous confirma que nous logions
bien chez le fils du garde des sceaux,
lui-même banquier. Il nous appris aussi
les dessous politiques du pays et en
particulier lépreuve de force
engagée entre les syndicats et le
gouvernement.
En arrivant à Ceylan il y a trois
semaines, nous avions appris quune
partie de ladministration était en
grève, notamment dans les trains. En
Inde, nous avions pu lire dans The
Hindu, que le gouvernement Sri
Lankais avait décrété létat durgence
et licencierait tout gréviste. De plus,
il bloque les comptes en banque des
syndicats. Mais la grève tient bon et la
situation pourrit. Notre interlocuteur
pense que cela va saggraver, mais
que lon nassistera pas à un
changement de régime.
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Vendredi 8
août 80 :
Colombo --> Mulhouse Le matin, nous allons
nous baigner à Mount Lavinia puis
revenons faire quelques courses laprès-midi.
Mais il y a un activité étrange au
centre ville. Il y a des militaires
tous les dix mètres et des blindés
parcourent les rues. Nous interrogeons un
soldat qui ne daigne pas nous répondre.
On apprend malgré tout quil y a eu
une manifestation le matin même,
réprimée par larmée. En réponse
à lintervention militaire, tout
est fermé : boutiques, banques,
même les vendeurs de rues ont plié
bagage. Seul le Laksala est ouvert.
Note : le
Laksala est un grand magasin détat
où lon trouve tous les produits dartisanat
fabriqués au Sri Lanka.
Nous rejoignons laéroport
assez tôt pour décoller vers les 23h30
sans tracasserie administrative. Nous
recevons lautorisation de sortir de
lavion pour visiter laéroport
du détroit dOrmuz en Arabie
Saoudite, tout neuf et tout beau.
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FIN |
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