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LES TÂCHES DE LA PHILOSOPHIE 4/5
Introduction à un cours de philosophie à l'Université Populaire de Strasbourg en 2001/02, par le Dr. Georges Leyenberger.
RAPPEL : Depuis environ 2500 ans, la philosophie essaye de remplir une quadruple tâche :
A. Fonder le savoir.
B. Constituer une mémoire.
C. Instituer un écart, une distance.
D. Ouvrir des chemins.
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D) OUVRIR DES CHEMINS

La philosophie privilégie le cheminement plus que l’aboutissement. Elle doit à chaque fois innover et inventer, produire de nouveaux chemins. Dans methodos, odos signifie chemin et méta signifie à travers. Ce qui rend l’apprentissage de la philosophie difficile, c’est qu’il n'y a pas de méthode mais des chemins. Ainsi la philosophie est plus proche de l’art que de la science. La philosophie n’est pas réductible à la science, qui vise plus le résultat et suit des méthodes avérées. Ce qui différencie le chemin philosophique de la méthode scientifique, c’est que le chemin philosophique n’est pas formalisé. Il incombe à chaque philosophe d’ouvrir un nouveau chemin s’il veut être autre chose qu’un disciple. Le chemin n’est pas ce qui mène à la pensée philosophique; le chemin est la pensée elle-même.

Il y a une pluralité de chemins dans la philosophie. On y a vu un signe d’arbitraire. Or, tout philosophe doit cheminer autrement que ses prédécesseurs dans le domaine de la pensée. La pluralité des chemins est le signe que la philosophie n’est pas une science, n’est pas objective. Mais la philosophie n’a jamais prétendu être objective car elle sait qu’elle a son origine dans une ‘stimmung’, subjective, une disposition affective du sujet : l’étonnement chez Platon, le doute chez Descartes, le désespoir chez Hegel, l’angoisse chez Heidegger. Ce sont les pulsions qui philosophent. Le point de départ de la pensée, c’est une disposition de l’affect. C’est cette disposition affective qui pousse le philosophe à ouvrir tel ou tel chemin :

Exemple Affect Chemin
Platon L’étonnement Ascensionnel ou vertical
Descartes Le doute Rectiligne horizontal
Hegel Le désespoir Circulaire
Heidegger L’angoisse Sans but, qui ne mène nul part

Nietzsche : " Ce sont les pulsions (die Triebe) qui philosophent ". La philosophie sait ce que la science a oublié, que l’objectivité ne suffit pas à elle-même. Le point de départ de la réflexion est une disposition affective et non une disposition de la raison.

Quatre types de chemins :

  1. Ascensionnel : le plus célèbre parce que le premier. C’est celui de Platon (428-347 av. J-C).

C’est l’emblème du cheminement philosophique : Il implique un revirement, un retournement complet de l’âme. L’âme se détache du sensible et accède à l’intelligible. Le savoir est entendu comme quelque chose qui élève l’existence. Cette philosophie instaure l’idée qu’elle est elle-même la plus élevée. Le philosophe ne se contente pas de décrire le savoir, mais il expose le chemin qui y mène; la réflexion philosophique est toujours liée à une réflexion pédagogique. Il s’intéresse plus au chemin qu’au résultat, et notamment :

  • Aux efforts qu’il faut fournir.
  • Aux obstacles, aux régressions.
  • A l’écart qui sépare l’existence humaine du but. Cet écart est irréductible sinon la philosophie n’a plus lieu d’être.

Cette figure de l’ascension, du revirement, se retrouve dans toute la tradition occidentale et la pensée chrétienne, en particulier chez Saint Augustin. Il pense le processus du monde comme un couple de tournants :

  • La perversion, la chute, le tournant vers le bas. La vie se détourne de son origine biblique. L’homme croit être en mesure d’agir par lui-même. Même si l’homme croit pouvoir faire le bien par lui-même, c’est aussi pervers que de faire le mal. Il y a donc une mauvaise manière de faire le bien. L’homme ne peut pas sortir de la perversion par lui-même, puisque le ‘par lui-même’ est la source de la perversion. L’idée de se sortir soi-même de la perversion, c’est une perversion au carré, l’adoration de soi.
  • La conversion, la révolution qui sauve, qui est le contraire de la perversion, ne peut venir que de Dieu lui-même. Saint Augustin : " Dieu a décidé de rappeler à lui les créatures déchues que sont les hommes, en envoyant un messager : le Christ ". Dieu offre la possibilité à l’homme de se retourner vers le haut : c’est la Rédemption, la grâce, l’aide surnaturelle que dieu accorde en vue du salut.

On a affaire à un même chemin de la chute et de la Rédemption dans la philosophie politique de Rousseau. C’est l’homme lui-même qui a les ressources politiques de se retourner une deuxième fois après avoir sombré dans l’amour propre. Ce modèle ascensionnel persiste jusqu’à Heidegger.

  1. Rectiligne horizontal (Descartes 1596-1650)

Ce chemin ne vise plus le revirement ou le retournement complet de l’existence humaine mais recherche une certaine efficacité. Il est de l’ordre du calcul et recherche la fondation sûre et ferme du savoir. Le chemin (Odos) est devenu méthode (methodos). Chemin fondé par Descartes. L’homme est désormais capable de fonder le savoir par lui-même :

  • Sans recours à la moindre transcendance (c'est-à-dire à ce qui le dépasse, de l’ordre du divin),
  • Sans chercher à élever son existence, sans se transformer lui-même.

Ce chemin renvoie à l’objectivité scientifique, qui est fondée par deux choses :

  • L’idée de sujet pensant, le cogito de Descartes
  • Des règles universelles de la méthode. Discours (il y en a 4) de la méthode (1637).

Cette objectivité scientifique a une finalité : elle vise la domination ou la maîtrise de la nature. Il est tout à fait significatif que dans le discours de la méthode, Descartes ne fait aucune allusion à une transformation de l’existence humaine : il n'y a plus d’attitude d’élévation, de conversion ou de revirement qui sont propres à la philosophie antique puis chrétienne et que l’on retrouve en dernière instance chez les humanistes de la renaissance.

Le chemin rectiligne est développé par Descartes de 2 manières :

  • Il faut reconstruire des chemins plus rectilignes, plus fermes, plus sûr, en détruisant les anciens chemins trop escarpés, trop peu sûrs. Image de la planification urbaine.
  • Le chemin rectiligne signifie aussi qu'il y a une perte : que les anciens savoirs (notamment la scolastique du moyen âge) nous sont perdus. Ne reste alors qu’une solution pour Descartes: aller tout droit, quelle que soit la direction que l’on a choisie. On aurait alors peut-être la possibilité de sortir de la perte. Cette idée est montrée par la métaphore de la forêt (Dans la deuxième des 3 maximes de la morale provisoire) : " Imitant en ceci les voyageurs qui se trouvent égarés en quelque forêt, ils ne doivent pas errer en tournoyant, mais marcher toujours le plus droit qu’ils peuvent vers un même coté et ne changer pour de faibles raisons, encore que ce n’ait peut-être été au commencement que le hasard seul qui les ait déterminés à le choisir ".

Si on applique cette métaphore à la science moderne, au savoir moderne, cela veut dire que la science est incapable de rendre compte de la direction qu’elle a choisie, de son but.

Même si la direction est hasardeuse, il faut que la science avance tout droit, en espérant trouver une sortie de la forêt, c’est-à-dire de la confusion dans laquelle elle se trouve.

Pourtant, malgré le fait que le chemin rectiligne soit dominant chez Descartes, il ne faut pas se leurrer, la philosophie de Descartes est encore soumise à l’erreur, à l’errance. A tel point que le chemin rectiligne reste pour lui un rêve, un idéal qui demeure inaccessible. Ce chemin est souvent solitaire, nocturne, comme cela apparaît dans la deuxième partie du discours de la méthode lorsqu’il se confesse : " Un homme qui marche seul est dans les ténèbres ".

Et c'est bien parce que le chemin rectiligne reste de l'ordre du rêve ou de l'idéal que le discours philosophique cartésien n’est pas totalement soumis à la méthode scientifique, à la science, car s’il l’était totalement, il ne serait plus un chemin philosophique.

  1. Le chemin circulaire (Hegel 1770 – 1831)

Hegel n’en est pas l’inventeur, mais l’utilise systématiquement. Le chemin circulaire correspond à l’idée que la conscience ou esprit ne progresse pas de manière linéaire mais en revenant sans cesse sur lui-même pour prendre conscience de ce qu’il est en train d’expérimenter.

On a souvent attribué à Hegel le souci de constituer un savoir encyclopédique (le souci de faire le tour de tous les savoirs, expériences et pratiques humaines, jusqu'à la position de ce que Hegel appelle le savoir absolu). Ce n’est pas faux, mais il n’est pas du même type que l'encyclopédisme des lumières, du 18ème siècle dont l’encyclopédie de Diderot et de d’Alembert est le symbole, car il ne s’agit jamais chez Hegel d’accumuler des savoirs, ni d’une juxtaposition, d’une collection, mais d’un cheminement de la conscience qui, au fur et à mesure qu’elle progresse, intériorise un certain nombre d’expériences qu’elle fait sur elle-même. C'est bien pour cela que Hegel critiquera toujours d’une manière sévère le savoir encyclopédique traditionnel, jugé abstrait. Il appellera ce savoir le savoir de l’entendement, séparé du sujet qui recueille ce savoir, arbitraire, opposé au savoir de la conscience. Le souci de Hegel, c’est que la conscience recueille en elle-même le savoir, à chaque moment de son parcours. Conscience : Bewustsein, vient de wissen, savoir.

Travail de recueillement à l’intérieur de la subjectivité de ce savoir : cela veut dire que la conscience doit revenir sur chaque objet pour se l’approprier et qu'elle doit aussi progresser d’objet en objet, pour atteindre le savoir absolu.

Première circularité : la conscience s’approprie les objets qu’elle rencontre.

Deuxième circularité : progression d’objet en objet pour atteindre le savoir absolu.

Quels sont les objets sur lesquels la conscience fait l’expérience et doit s’approprier?

L’objet sensible, l’objet nommé (du langage), l’objet du désir (l’autre sujet que l’on rencontre), l’objet entendu (de l’entendement, le premier savoir abstrait), de la culture, de l’art, de la religion, de la philosophie. Au fur et à mesure, on voit que l’on s’élève dans l’objet, l’objet devient de plus en plus spirituel.

Le savoir absolu n’est pas pour Hegel un savoir total mais le savoir où la conscience et l’objet sont totalement unifiés. Ce moment n’arrive évidemment qu’à la fin, dans le concept philosophique.

Ce travail de prise de conscience est sans fin, car la conscience ne cesse de creuser son unité avec les objets qu’elle expérimente. La métaphore du cercle (le grand) montre l’inachèvement du processus plutôt que la clôture. Il faut sans cesse recommencer le tour du cercle en oubliant tout ce qui précède. La circularité signifie chez Hegel qu’il n’y a pas de sortie.

Dans la dernière page de la phénoménologie de l’esprit, Hegel écrit : " L’esprit doit recommencer à la fin, depuis le début, aussi naïvement, comme si tout ce qui précède était perdu pour lui, et comme s’il n’avait rien appris de l’expérience ".

Le 'naïvement' signifie qu’il n’y a pas de notion de progrès en spirale, comme si tout ce que l’on avait fait était perdu pour la conscience. Et cela tous les philosophes et artistes le savent.

Questions-réponses :

Q : Est-ce que la conscience ne peut pas prendre exemple et se souvenir des pièges qu’elle a rencontrés dans le passé?

Hegel craint que si on s’appuie trop sur l’expérience passée, on ne refait pas le parcours d’une manière vivante, comme la première fois. Donc on s’appuie sur des savoirs abstraits, une accumulation de souvenirs et on perd alors la naïveté du chemin, l’élan de la conscience qui chemine véritablement. On serait dans le savoir encyclopédique traditionnel. Il vaut mieux perdre le souvenir de ce que l’on a intériorisé plutôt que de le transformer en savoir abstrait. Il vaut mieux ne rien savoir que de s’appuyer sur un savoir antécédent. Si vous ne recommencez pas le parcours, vous n’arrivez pas à une relation vivante entre la conscience et ce qu’elle expérimente. Hegel ne veut pas que la conscience s’appuie sur un savoir mort, car alors l’homme ne vit pas en tant que conscience. On peut dire qu'il s'agit d'humilité, de fragilité aussi, beaucoup de travail également.

Q : Le moteur de l’élan n’est il pas le découragement?

Oui, le moteur de l’élan, ou plutôt du mouvement est chez Hegel, c’est qu’à chaque moment où elle intériorise un savoir, la conscience désespère d’être. On peut dire que chez Hegel, le moteur du mouvement est le désespoir. Même lorsqu’elle atteint le savoir absolu. Cela veut dire que dans le désespoir, il n’y a pas de porte de sortie.

Q : Vision pessimiste de Hegel?

Non, dans le sens où le mouvement de la conscience est un mouvement dynamique. On pourrait même dire qu’elle est optimiste, si on ne voit pas le travail de la conscience comme une souffrance seulement, mais le témoignage de la vie de la conscience.

Q : Le chemin circulaire devrait amener autre chose, un ajout, à chaque tour.

Oui, mais comme on a oublié ce que cela a amené avant dans le tour précédent, on ne peut pas comparer.

Si la conscience s'appuyait sur son passé, ce serait une conscience en sommeil. On est autre, mais on ne sait pas qu’on est autre : la mémoire joue tant qu’on est dans le même cercle, on intériorise les objets. Intérioriser les objets se dit 'errinerung' en allemand ; on les intériorise par le processus de la mémoire. Mais il faut que la mémoire, à un moment donné, oublie ce qu’elle a intériorisé, sinon cela vous bloque. Blocage de la conscience qui ne peut pas recommencer le travail. Et cela tous les philosophes et artistes le savent lorsqu’ils sont en face d’une nouvelle œuvre à faire, ils ont systématiquement tout oublié. Parce que s’ils n’oublient pas tout, ils ne peuvent rien faire.

Reprise :

  1. Le chemin qui ne mène nul part (Heidegger 1889-1976)

C’est un chemin propre à la modernité, à une époque qui a perdu l’idée de but et l’idée de sortie (de la forêt). Le penseur qui pratique le chemin qui ne mène nul part sait qu'il n'y a pas de but ni de sortie, il reste dans l’obscurité de la forêt. C’est d’ailleurs ainsi que l’on a traduit le titre d’une œuvre de Heidegger ‘Die Holtzwege’ : ‘les chemins qui ne mènent nul part’. ‘Holtzwege’ désigne les chemins forestiers, qui s'enfoncent dans la forêt et s’interrompent tout à coup.

Il s’agit de pénétrer au cœur de la forêt entendu que ça ne mène strictement à rien.

Le philosophe, Heidegger notamment, s’installe dans un élément à l’écart de ce que représente la ville, la technique et la planification. A tel point que les chemins forestiers semblent être les derniers lieux où une sérénité, un questionnement de la technique serait possible.

On a beaucoup reproché à Heidegger le fait de s’opposer à la ville et à sa vie totalement soumise aux exigences de la technique et ce jusqu’au sein des loisirs et de la liberté. On y a vu une sorte de repli sur une origine qui aurait été préservée. Peter Sloterdijk dans ‘L’heure du crime et le temps de l’œuvre d’art’ écrit :

" Le penseur que beaucoup considèrent comme l’un de ceux qui ont mis en mouvement la philosophie au cours de ce siècle est, par sa dynamique personnelle, un homme qui refuse le déménagement, qui ne peut être auprès de soi-même, que dans une proximité constante avec ses premiers paysages. ".
(déménagement : allusion au fait que Heidegger ait refusé le poste de professeur de philosophie à l'Université de Berlin qu'on lui proposait, en écrivant un texte devenu célèbre : 'pourquoi nous restons en province'.)

Le texte poétique de Heidegger qui montre le mieux cette insistance sur les premiers paysages s’appelle le chemin de campagne : 'Der Feldweg'. C’est le texte de Heidegger qui va le plus loin dans la préservation de l’origine. C’est un chemin qui ne va toujours nul part, mais qui rassemble et qui recueille. Heidegger y dit ceci : " Le chemin rassemble ce qui a son être autour de lui; et à chacun de ceux qui le suivent, le chemin donne ce qui lui revient : les mêmes champs, les mêmes pentes couvertes de prairies, font escorte au chemin de campagne, en toute saison, proches de lui, d’une proximité toujours autre.". On voit bien ici que quelque chose est préservé, qui tourne autour du chemin. C’est au nom de ce chemin qu’il y a un retrait, que quelque chose s’écarte (de la technique), qui reste sauf. Pour cela, il faut qu’il y ait des humains qui soient fidèles à ce chemin. Il dit plus loin : " Mais le chemin ne nous parle qu’aussi longtemps que les hommes, nés dans l’air qui l’environne, ont pouvoir de l’entendre. Ces hommes sont les servants de leur origine, non les esclaves de l’artifice.". Il y a ici l’idée que le chemin qui préserve, n’est accordé qu’à ceux qui restent, nés dans l’air qui environne, et Heidegger ajoute qu’ils sont peu nombreux. Alors qui sont-ils? Heidegger ajoute que c'est ceux-là seuls qui pourront un jour survivre aux forces gigantesques de l'énergie atomique ! Comme quoi on va ici très loin dans le pathos.

A partir de ce texte, le professeur propose deux questions :

  • Si le ‘chemin qui ne mène nul part’ est nécessaire pour que l’existence humaine puisse échapper à l’artifice technique, "se soustraire à la fervens qui ne produit que le vide" (la ville), ce chemin n’est-il pas malgré tout, un chemin qui mène quelque part, vers une sorte de sortie minimale, vers un lieu où l'on pourrait survivre à la technique, qui mènerait à un espace libre qui donne un sens à l’existence humaine et lui donne une sérénité. Heidegger parlerait d’un gai savoir du chemin de campagne, mais dans un tout autre sens que Nietzsche : dans le sens de la malice du paysan suave, d'une sagesse malicieuse.
  • Pourquoi privilégier le chemin de campagne ? Sur d’autres expériences du nul part, de la perte de sens comme par exemple l’expérience de la mer qui chez Nietzsche et Hölderlin désigne justement un pur espace où il n’y a pas de but. Est-ce qu’il n’y a pas dans la métaphore pastorale chez Heidegger malgré tout l’espoir d’un enracinement possible, que la métaphore maritime engloutirait complètement.

Ces questions pour montrer que le ‘chemin qui ne mène nul part’ obéit, ou est soumis à une difficulté que nous éprouvons aujourd'hui encore, après Nietzsche et Heidegger. Cette difficulté peut être énoncée comme un paradoxe : d’un coté il faut que la philosophie soit fidèle à l’absence de but qui caractérise la civilisation technique, mais d’un autre coté, il faut que le chemin philosophique s’écarte de l’absence de but de la technique afin de poursuivre son questionnement.

C’est là la difficulté : comment s'écarter de l’absence de but de la technique tout en restant fidèle, comment instaurer un écart qui ne soit pas un repli illusoire sur une origine et qui reste fidèle à l’objet (la technique) qu’il faut questionner ? Ou encore jusqu’où l’infidélité peut-elle être une preuve de la fidélité. Et inversement, comment être assez fidèle au nihilisme sans l'être trop, sans l’épouser.

Questions toujours actuelles et qui sont loin d'être résolues.


ACCUEIL A. Fonder le savoir.
B. Constituer une mémoire.
C. Instituer un écart, une distance.
D. Ouvrir des chemins (cette page).
Conclusion.