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NOTE : Les phrases en italique et les notes ont été ajoutées au carnet original.

Carnet de Voyage - INDE du Nord et NEPAL été 83 - Page 2/4 : Agra
Dimanche 24 juillet 83 : Bénarès --> AGRA (Voir carte).
A la gare, pour prendre le train vers Agra, je retrouve le couple d’anglais que je n’arrête pas de rencontrer depuis trois jours. Comme d’habitude, train en retard et pas sur le quai annoncé. Mais l’animation est telle sur les quais, qu’on ne s’ennuie pas un seul instant.

Tout le monde se met à l’aise par terre, même les vaches (elles sont sur leur plancher, il est vrai), le train arrive enfin. Avant de monter, un employé nous conjure sur un ton vraiment implorant de faire attention à nos affaires ( les trains de nuit sont réputés pour les vols). Tous les touristes étrangers ont d’ailleurs les couchettes d’en haut. Six couchettes par compartiment, plus deux en bout.

Une chaleur presque insupportable dans la nuit, surtout pendant les arrêts en gare, et ils sont longs et nombreux.
Les express en fait, s’arrêtent dans toutes les gares, sauf une ou deux. Le petit déjeuner nous est apporté dans le train au matin et il faut attendre toute la matinée pour arriver à Agra Cantt, la principale des sept gares d'Agra..

On choisit des hôtels différents, mais on se retrouve tous en fait au Tourist Rest House conseillé par le guide du Routard (une grande pancarte s’en vante d’ailleurs).
On s’aperçoit assez rapidement qu’ils vivent sur cette renommée et que le cœur n’y est plus trop. J’attends une heure pour avoir la chambre et pour finalement la partager avec un autre français qui n’avait pas pu avoir son bus.

Çà, on ne peut pas le manquer !
Il était assez mal en point et traînait une grippe intestinale. Je lui refile des antibiotiques pour quelques jours. Fin de journée consacrée au repos (ou repas, je n'arrive pas à me relire) et à l’écriture.

Lundi 25 juillet 83 :
Agra.

Je loue un rickshaw pour la journée, enfin... il est déjà onze heures trente, et on croit s’entendre sur le prix de dix roupies. Nous allons d’abord à Sikandra (10 km) voir non pas le pont, mais le Mausolée de l’empereur Akbar (1542 ou 1556 - 1605), dans un parc d'une cinquantaine d'hectares entouré d’une muraille et de quatre portes.


Mausolée de l’empereur Akbar.

Le parc.
Retour à Agra où mon chauffeur m’emmène voir un temple tout con et encore en construction, que je ne lui avais pas demandé.
Puis le mausolée d’Itimad-ud-Daulah (encore un compliqué), prédécesseur du Taj Mahal mais plus petit et en marbre polychrome (1628).

Mausolée d’Itimad-ud-Daulah.
Et enfin le fort rouge, immense et ... rouge, tiens donc ! Rouge et humide, parce qu’il était tombé une sacrée averse. Le ‘rickshawer’ avait bien mis le toit de protection, mais il y avait un grand trou au milieu. C’était un véritable torrent qui descendait du fort rouge, franchissant les trois portes des trois murailles successives.

Le fort rouge (ou fort d'Agra pour le distinguer de celui de Delhi), achevé vers 1570 sur les ruines d'un ancien fort, était le palais des empereurs moghols. Bâti sur la même rive sud de la rivière Yamuna que le Taj, ses puissants remparts s'étendent sur 2,4 km.

A un moment de la visite, on a une jolie vue sur le Taj Mahal. Heureusement pour son créateur, l’empereur Shah Jahan, qui pendant huit ans put le regarder de là à sa guise, enfermé qu’il était par son fils (et ça vous donne envie de faire des gosses à vous ?).

Le fort rouge n'est pas ce
qu'il y a de plus intéressant à Agra.
Imaginons-nous un instant à la place de l'empereur Shah Jahan, contemplant sa création...
Panorama sur le Taj Mahal.
RAPPEL : Toutes les miniatures peuvent être agrandies en cliquant dessus.
Cette histoire soude ces deux conceptions démesurées que sont le Taj Mahal et le Fort rouge pour en faire un ensemble unique que rien n’atteint. Une merveille du monde. Bon, c'est vrai que je m'emballe un peu ! Mais n’anticipons pas. Jusqu’à présent, je n’ai théoriquement pas encore vu le Taj Mahal. Evidemment, comme j’écris cela deux semaines après, cela crée des confusions dans ma pauvre tête, vous me pardonnerez n’est-ce pas ?
Donc où en étais-je ? Ah oui, au Fort rouge. Et bien, je n’ai plus rien à dire sur le sujet, sinon qu’il donne effectivement une idée de la puissance atteinte par cet empire. Et puis il y a maintenant de sales bestioles qui veulent m’empêcher d’écrire, en voltigeant sans arrêt au-dessus de mon stylo. Tiens, un rat à dix centimètres de mes pieds, ça sent bon, hein ? tu aimes ? Non, pas trop semble t’il, car il s’en va faire le tour de la pièce. Faut vous dire, monsieur, que chez ces gens là... qu’est-ce que je raconte, moi ? Il faut vous dire que je suis un brin pété, dans un resto de Katmandou où plane une superbe musique et quelques vapeurs de hasch. Je suis là depuis deux jours, c’est sensationnel !
Le ciel est menaçant, donc pas question de finir par le Taj Mahal. Je rentre à l’hôtel. Le soir, je ressens les prémisses de la tourista.
Mardi 26 juillet 83 : Agra.

C’est bien ce que je craignais, nuit épouvantable, fièvre et déluge, je ne me lève pas de la journée. Le soir, ça va un peu mieux, j’ai même un peu faim. Le médicament contre la tourista aura mis du temps pour faire son effet.

Mercredi 27 juillet 83 : Agra.

Il avait plu presque sans arrêt la veille, ce qui était plutôt une consolation, mais au milieu de la nuit, il commençait aussi à pleuvoir dans la chambre parce que le plafond n’était semble t il pas terminé. Déjà le reste : il n’y a pas un mur droit, pas une fenêtre qui ferme, et ça vient d’être reconstruit ! Le guide du Routard, je le retiens celui-là. Ce matin, je me sens vachement faible quand même, mais ça devrait aller.

Le Taj Mahal : quelle splendeur !
Je pars assez tard pour le Taj Mahal. Clic-clac Kodac, ça y va, et je te le prends comme ça, et puis comme ci, et de là c’est pas mal, c’est complètement fou.
Heureusement qu’il y a des mecs un peu fous pour construire des machins pareils (comme le Neu Schwangstein par exemple).
Et l’histoire est complètement folle elle aussi : le Taj Mahal fut construit par l’empereur Shah Jahan, ça je l’ai déjà dit, mais ce que je n’ai pas dit, c’est que c’était une œuvre d’amour. Inconsolable de la mort de sa deuxième femme, il lui fit construire un Mausolée.
Aucun architecte du royaume ne fut capable d’ériger un projet à la dimension de la douleur du roi. Aussi ce dernier convoqua l’architecte perse le plus célèbre et tua sa fiancé.

Sur le parvis du Taj.
On ne peut pas s'empêcher de penser à Versailles
Perspective du Taj Mahal.
Comprenant alors enfin la terrible douleur du sultan, l’architecte fut capable d’imaginer le Taj Mahal. Cruel mais génial. Fiction ou réalité historique ? En tout cas, l'histoire est belle, sauf pour la fiancée de l’architecte.

La tombe de la femme adorée de l’empereur, surnommée Mumtaz Mahal (favorite du palais), est au milieu de la pièce, la tombe de l’empereur ayant été ensuite placée à coté ; on n’allait tout de même pas les séparer !

Eblouissant serait le terme le plus exact, car même par temps couvert, comme c’était le cas, ce marbre blanc fait mal au yeux. Il faut quand même quitter ce lieu, mais bien à regret.
En sortant, mon regard est accroché par un petit sac de velours violet orné de grenats. Jolie idée de cadeau, me dis-je, et puis c'est un magasin d'état, où on ne risque pas de se faire trop arnaquer. Alors allons-y !
Intérieur du Taj Mahal : Et tout ça pour un cadavre !
Cénotaphes
(tombeaux ne conternant pas les corps).
Ma préférée
Encore une Perspective du Taj Mahal.
Le Taj Mahal (Mahal signifiant palais), est une combinaison de styles architecturaux indien, perse et musulman. Une vingtaine de milliers d'ouvriers et d'artistes travaillèrent pendant 20 ans à sa construction, qui prit fin vers 1650.

La (ou le) Darwaza-i rauza, entrée
principale vers le
Taj Mahal.
J'adore décidément les perspectives
Le tout au milieu de vastes jardins.
Il est trois heures, peut-être un peu tard pour aller à Fatehpur Sikri. On essaie quand même. J’ai du mal à emmener mon rickshaw jusqu’à la station de bus, parce qu’il dit qu’il est trop tard, que je ferais mieux de venir voir les fabriques et les magasins où il touche des commissions, même si je n’achète rien : " Tu rentres, tu vois, tu regardes, tu ressors et toc je touche une roupie "… Ce que l’on vaut quand même, on n'est pas grand chose. J’en suis venu à considérer les rickshaws pour ce qu’ils sont en réalité : des rickshaws, et rien de plus. Ils n’ont pas plus de dix roupies en poche, et quand ils ont gagné leur journée, ils s’arrêtent. C’est pour cela qu'il est plus difficile d’en trouver le soir. Ils ne te considèrent que comme valeur marchande. C’est chiant à la fin, basta ! C’est malheureux à dire, mais si on veut obtenir ce qu’on veut, il faut être très sec. Sinon, ils t’emmènent dans tous 'leurs' hôtels avant d’aller à celui que tu avais signalé au départ. Ça stresse bon dieu !

J’attrape le bus local juste à temps. Ouh là ! sièges en bois, bus bondé et klaxons de toutes dimensions. Heureusement j’ai mes boules Quiès. Ah quel silence tout d’un coup ! Trente huit kilomètres, c’est à dire une heure.

C’est du même rouge que le fort mais bizarre : une enceinte, et puis à côté tout un village. Tout ceci abandonné dix ans après sa construction, la nappe phréatique n’étant pas aussi importante que prévue. Y'en a qui ont dû se faire engueuler, disent-ils dans le routard. Tout cet ensemble est assez impressionnant. Au milieu d’une cour, se tient un échiquier géant, où se déplaçaient des personnages en chair et en os. En fait d’échiquier, ça ressemble plutôt aux petits chevaux.

Fatehpur Sikri.

Retour par le dernier bus, il était temps. Je suis en compagnie d’un groupe de cinq françaises qui ont parcouru le Rajasthan, et ce qu’elles en disent donne envie d’y aller : elles ont été reçues à bras ouverts par la population. Nous allons manger ensemble un excellent poulet Tandori.

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