Jeudi 9 août 79 :
Kyoto - théâtre Noh et
pêche aux cormorans. Après
un bon petit déjeuner, nous arrivons au
centre de Kyoto vers dix heures. Au T.I.C.,
ils nous donnent quelques tuyaux mais
nous apprennent quil faut plusieurs
jours de délai pour pouvoir visiter une
famille ainsi que pour obtenir une
autorisation de visite au palais Katsura.
Anne-Marie demande des informations
pour aller à Hiroshima mais la dame du
TIC nous le déconseille fortement vu le
temps quil faut pour y aller en
voiture. Par contre, elle nous trouve une
piaule pour deux fois neuf cent yens.
Après y avoir déposé nos bagages, nous
allons visiter à quatorze heures le
palais impérial qui ne casse pas grand
chose à notre avis. Nous allons ensuite
du côté de Maruyama park et nous nous
promenons à pied jusquau Ryozen
kannon, un immense Bouddha adossé contre
la colline.
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Le Ryozen kannon. |
Puis nous revenons au
Maruyama Music Hall où nous assistons à
dix sept heures trente à une
représentation de théâtre Noh
: Pas ou peu de décors, une dizaine de
choristes sur la droite, quatre musiciens
vers le fond, deux cyprès et lentrée
des acteurs sur la gauche. Voix très
graves et monocordes, habits du XVème
siècle avec quelques masques de temps en
temps. Déplacements très lents et
élocution tout aussi lente des acteurs,
entièrement au service de l'émotion
retenue paraît-il, scénarios débiles.
Une technique respiratoire et vocale
particulière serait nécessaire. Tout
cela fait que pour des occidentaux comme
nous, cest terriblement barbant.
Entre chaque pièce, quelques chants et
danses encore plus barbants. Ah oui, j'oubliais
: les rôles féminins sont tenus par des
hommes.
A ne pas confondre avec un autre
célèbre type de spectacle japonais : le
Kabuki, qui a pris naissance au XVIIème
siècle et consiste en une espèce de
théâtre de marionnettes d'environ 50 cm.
Le Noh et le Kabuki sont deux formes de
spectacles parmi tant d'autres au Japon.Nous
partons avant la fin pour aller à lautre
bout de la ville, à Arashiyama, pour
assister à lattraction du coin :
la pêche aux cormorans. Non, il ne sagit
pas dattraper des cormorans à la
ligne, mais de se servir deux pour
attraper le poisson. Le pêcheur possède
plusieurs cormorans tenus en laisse par
une longue ficelle et dès que l'un a
attrapé un poisson, le pêcheur ramène
les deux bestioles à bord du bateau
avant de faire dégorger le cormoran. Une
enfilade de sampans éclairés aux
lampions suivent la pêche puis remontent
la rivière pour la " modique
somme " de 600 yens, alors que
lon voit tout aussi bien de la rive.
Nous avons eu bien du mal pour trouver
cet endroit et il nous a fallu emprunter
des ruelles on ne peut plus étroites,
avec des caniveaux impossibles.
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Représentation de
théâtre Noh.
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Vendredi 10 août
79 : Kyoto - château de Nijo,
temple Kinkaku-ji et sanctuaire Heian. Les
monuments authentiques à Kyoto sont
rares. Incendies, guerres et tremblements
de terre ont fait que Kyôtô a perdu de
sa splendeur. Heureusement, certains ont
été restitués.
Le matin, nous visitons dabord
le château de Nijo-jo. Commencé en 1602,
il fut autrefois une demeure impériale.
La curiosité du lieu réside dans le
plancher. Que l'on marche dessus avec
lourdeur ou légèreté, il en émane un
son qui ressemble à un cri doiseau,
un rossignol paraît-il, et ceci pour
prévenir toute tentative dassassinat !
Un beau petit jardin agrémente le tout
ainsi quun splendide portail à l'entrée.
De là, nous rejoignons le Nord Ouest
de Kyoto avec le temple Kinkakuji, encore
appelé le pavillon dor, datant de
1394 et reconstruit à l'identique en
1955 suite à son incendie de 1950. Son
véritable nom est Rokuon-ji et il
appartient à la secte bouddhique zen
Rinzai. Joli, mais surtout bien mis en
valeur dans un superbe cadre.
Tout à côté, le temple Rysanji ,
où les 300 yens dentrée nous
paraissent une fortune, si bien que nous
entrons par effraction. Juste le temps dapercevoir
le jardin des mousses et le jardin des
pierres, car il sagit ici de
jardins Zen . Les pierres sont
disposées harmonieusement, par groupes
et de façon que lon nen
distingue toujours que quatorze sur les
quinze ; ça ne valait pas les 300 yens !
Nous revenons ensuite à lEst
avec le sanctuaire Heian, reconstruit
fidèlement au XIXème mais au
2/3 de l'original, tout en rouge avec un
joli jardin, un peut trop grand peut
être, pour un japonais. Il est encadré
par deux tours dune architecture
assez originale.
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Le porche d'entrée
du château de Nijo-jo.
Le pavillon dor.
Le sanctuaire Heian.
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Toutes
les miniatures peuvent être agrandies en
cliquant dessus. |
Au détour d'une
rue. |
Nous commençons à en
avoir mal aux pieds, malgré nos
déplacements grandement facilités par
la voiture (grâce au plan, nous ne nous
perdons pratiquement pas). Nous finissons
cette visite de Kyoto par le temple
Kiyomizu, qui nous déçoit beaucoup. Nous
quittons Kyoto vers six heures et prenons
la route de Fukuchiyama pour nous rendre
à la presquîle de Tango. Nous
couchons en route dans la voiture.
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Un cimetière
japonais. |
Samedi 11 août
79 : la mer du Japon. Ce
matin, dans un virage, nous apercevons la
mer du Japon et comme la plage nous
plaît, nous y descendons pour nous
baigner. Leau est vraiment chaude
mais Anne-Marie a un peu peur de s'y
avancer car il y a de gros poissons qui
lui titillent les doigts de pied.
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Nous suivons
ensuite toute la côte de la presquîle
qui est vraiment très belle, découpée
avec plein de petites îles partout, si
bien que lon croît voir un lac.
Petits ports de pêche typiques, puis je
roule jusquà une heure du matin
jusquà Kurolé. Jai le droit
sur lautoroute à un contrôle de
police : sympas, mais nombreux :
ils sont bien une cinquantaine. A
propos de policiers, on en voit de temps
en temps au bord de routes jugées
sans doute dangeureuses :
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Anne-Marie cède à
l'attrait de l'uniforme. |
Dimanche 12 août79 :
Hésitations. De bon matin,
Anne-Marie prend le volant mais cela ne
roule pas si bien que cette nuit. Nous
réussissons à arriver à Nikko après
moults bouchons, à dix huit heures vingt.
Nous hésitions sur la conduite à tenir :
soit rendre la voiture demain au matin
après avoir passé la nuit dedans, et
mettre la clé dans la boîte aux lettres
de lagence, soit prolonger la
location de quelques jours pour aller à
Tokyo. Mais quand nous sommes arrivés
devant lagence, celle-ci était
encore ouverte, ce qui nous a décidé :
on prolonge de deux jours. On couche
alors à Nikko dans la bagnole après
avoir mangé dans un super restaurant.
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Lundi 13 août 79 :
Déception. Nous partons à
cinq heures du matin, direction le mont
Fuji. Cela roule bien pendant une heure,
après ça merde, si bien que nous y
arrivons vers quatorze heures et pour
voir quoi ? De gros nuages tous
noirs sur le mont Fuji. Très déçus,
nous nous rabattons sur le lac Yananaka,
puis repartons sur Tokyo. Il reste cent
bornes, mais nous mettrons près de
quatre heures pour y arriver. À lEnglish
house, nous récupérons nos affaires et
nous couchons à Ikebukuro.
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Mardi 14 août 79 :
Nos billets de retour, ouf! À
sept heures nous partons au centre de
Tokyo sans nous tromper, contrairement à
hier soir où nous avons tourné en rond
pour retrouver lEnglish house à
cause des ruelles trop étroites et des
sens interdits. Après un bon petit
déjeuner avec pancakes et sirop dérable,
nous entrons à neuf heure cinq dans lantre
de Chiba-san : A-t-il ou non fait son
boulot pour nous procurer des billets par
la PAL ? La réponse est négative
et il met une mauvaise volonté plus quévidente
à le faire sous nos yeux. On lui avait
pourtant bien dit il y a quinze jours et
par deux fois depuis au téléphone, que
si ce nétait pas possible pour le
17, il fallait essayer pour les dates
suivantes. LorsquAnne-Marie lui
demande de faire maintenant ce quon
lui avait demandé, il se contente de
passer un coup de fil puis nous fait
poireauter pendant un bout de temps.
Finalement, Anne-Marie se dirige vers son
bureau et demande ce quil en est.
Chiba-san ne lui répond pas mais
se contente de rire. Furieuse (là, il y
a de quoi !), Anne-Marie renverse
volontairement tout sur son passage et
revient même sur les lieux du crime pour
piquer un cendrier. C'est complètement
con mais ça soulage un peu !
Sur ce, nous allons à lautre
agence que nous avions contactée
auparavant mais que nous avions laissée
tomber car elle ne proposait pas de stop-over
(ce que Chiba-san proposait au départ
avant de rectifier ensuite le tir par la
négative). Ici, en une heure, le tour
est joué et nous avons deux allers Paris
via Séoul, sans stop. Nous payons
immédiatement, en signant a lot of
travellers cheque ; il nous le fait
pour 140 000 yens. Nous filons à lEnglish
house y déposer nos bagages et je file
aussitôt à Nikko pour y rendre la
voiture avant dix-huit heures.
La dame de lagence ne voulant
pas quon laisse la voiture à Tokyo,
je suis donc obligé de prendre lexpress
way pour y arriver dans les temps. Voilà
qui est fait. En huit jours, nous avons
fait 2200 bornes. Juste le temps de
manger un morceau et je saute dans le
train me ramenant à Tokyo. Sauter, cest
beaucoup dire, disons plutôt se faufiler
entre toutes les personnes qui sont
debout serrées comme des sardines
pendant plus de deux heures ; et à
chaque arrêt ça se serre un peu plus !
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Mercredi 15 août
79 : Shopping à Tokyo. Rien
de spécial. Shopping à Ginza,
renseignements sur Kamakura au T.I.C.,
récupération des photos quAnne-Marie
avait déposés hier. Elles ne sont pas
mal dans lensemble quoiquun
peu foncées, mais pour 1 franc la photo
au lieu de 3 F50 en France, faut pas
chicaner ! Nous faisons même faire
des agrandissements.
Le soir nous allons au cinéma. Mais
si, nous comprenons sans problème car cest
un film français en version anglaise,
non pas sous-titré mais titré de côté
en japonais !
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Jeudi 16 août 79 :
Nous avons décidé de rester
une journée de plus à Tokyo ;
tentative à Shinjuku, mais tous les
grands magasins sont fermés. Retour à
Ginza.
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Vendredi 17 août
79 : Train pour Kamakura. Le
père Yackyoka de lEnglish house ne
veut pas nous réserver une de ses
chambres pour les nuits du 20 et 21, car
il a peur de ne pas faire le plein le
jour davant de ce fait là. Un peu
gonflé le gars. Du coup, nous
téléphonons à un autre Ryokan (1) qui
nous les réserve et ne fait pas de
difficulté pour quon leur laisse
quelques bagages. Je dis quelques bagages
car ça se limite tout au plus à un sac
à dos et à cinq sacs bien remplis, une
misère quoi ! Heureusement le Ryokan nest
distant que de huit cent mètres environ,
que nous avons parcouru dans un temps au
moins cent fois supérieur à celui de
Maryvonne Dupureur (2). Il ne nous reste
plus alors quun sac à dos et deux
sacs à main, pour nous rendre à la gare
de Tokyo. Nous y prenons un train qui
nous emmène à Kamakura en une heure.
(1) Auberge de style japonais, d'un
prix relativement élevé. Mais il faut
en faire l'expérience au moins une fois.
(2) Ancienne championne
internationale du 800 mètres. J'ai eu
son mari comme professeur d'éducation
physique au lycée Rabelais de St Brieuc.
Un petit bureau dinformation est
à côté de la gare ; nous y
demandons où on peut camper :
- Pas à moins de trois cent kilomètres
dici.
- Tiens donc, et lauberge de
jeunesse ?
- Complète.
- Ryokan ?
- Pas pour votre bourse !
Alors nous téléphonons à lauberge
de jeunesse pour leur demander si on peut
planter la tente à côté. Par la même
occasion, on leur demande quand même sils
ont des places : ils en ont plein !
On essaye de faire du stop pour nous y
rendre, mais sans succès pendant plus dune
heure, et lorsquon va pour
abandonner, quelquun nous prend.
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Samedi
18 août 79 : Kamakura. C'est
à Kamakura que naquit la tradition du
Shogun à partir de 1192 avec Yoritomo,
qui parviendra à réunifier le Japon (officiellement
; car le premier Shogun -à titre
temporaire- date en fait de 794). 'Shogun'
signifierait 'grand commandant militaire
pour la soumission des barbares'.
La ville a eu très chaud en 1945, alors
qu'elle devait servir comme site de
débarquement. Ce doit être dur pour les
Japonais de se dire qu'ils doivent peut-être
sa préservation au succès d'Hiroshima !
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De bon matin, nous
partons par le train jusquà la
station de Kita-Kamakura. Nous visitons
tout d'abord le temple Engakuji, datant
de 1282, juste derrière la gare. Un peu
plus loin ainsi que plus tardif, le
Tokeiji, temple 'du divorce' où se
réfugiaient les épouses trop
éprouvées, et le Kenchoji fondé en
1253 par un prêtre chinois. Il pleut
depuis le début et ce temps accuse
encore laustérité des lieux. Ici,
plus rien des fastes ni des couleurs de
Nikko ou Kyoto!
Le Zen domine en effet la période
Kamakura ; pas de fioriture, uniquement lessentiel
à travers la simplicité et la beauté,
devant faciliter l'approche du sens du
monde et un aperçu (même lointain) de
sa nature. Le dernier temple nous permet
de voir le plus beau petit jardin de
notre séjour, nous restons assis à le
regarder pendant plus de deux heures,
aussi dans un but pratique, car nous
sommes ici à labri de la pluie.Nous
finissons par le sanctuaire shinto
de Tsurugaoka Hachimangu puis nous
rentrons de bonne heure à lauberge
de jeunesse.
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Statue
géante du Bouddha. |
Dimanche 19 août
79 : Kamakura (suite). Enfin
quelques rayons de soleil, mais
maintenant il fait trop chaud. Nous
allons à pied voir la statue géante de
Bouddha, fondue au milieu du XIIIème
siècle, puis le sanctuaire Hase Kwannon
qui nous enchantent beaucoup plus que les
temples dhier, avec une immense
statue et une myriade dautres
statuettes alignées sur les murs et
joliment décorées.
Il fait tellement chaud que nous nhésitons
pas à nous plonger dans les égouts de
Tokyo et faire une sieste sur lherbe
un peu plus loin sur la côte.
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Le
sanctuaire Hase Kwannon et ses
alignements de statuettes. |
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